L’étrange vie française de l’ancien policier argentin Mario Sandoval
Un dossier du Monde très intéressant daté du 11 juillet sur la trajectoire et la « vie française » de Mario Sandoval, sinistre ex policier argentin ayant officié pendant la sombre période de la dictature militaire en Argentine.
Condamné en décembre dernier à Buenos Aires pour l’enlèvement et la torture d’un étudiant de 24 ans, disparu en 1976, jamais retrouvé, sans doute jeté dans l’océan depuis un avion comme tant d’autres victimes. Mario Sandoval était poursuivi pour de nombreuses autres disparitions mais pour lesquelles il n’a pas été extradé. L’enquête se poursuit encore aussi sur d’autres faits.
Il a vécu paisiblement en France pendant plus de 30 ans et plus encore : nationalité française, cours à l’université et à l’institut des Hautes Études d’Amérique du Sud à Paris, alors dirigé par Michel Blanquer, jusqu’à ce que l’Argentine demande son extradition en 2012.
J’avais défendu l’Etat argentin dans les dernières années du contentieux portant sur son extradition, lorsqu’il a été porté pour la 2e fois devant la Chambre criminelle de la Cour de cassation, puis le Conseil d’Etat (sur le décret d’extradition) en passant par le Conseil constitutionnel, aux côtés de Sophie Thonon Wesfreid, si engagée.
Devant toutes ces juridictions, au cœur du débat: la prescription.
Dans sa décision du 11 décembre 2019, le Conseil d’État a finalement écarté la prescription, comme la Chambre criminelle l’avait fait.
Enfin, au stade du procès, le tribunal argentin a décidé :
« le tribunal déclare que les faits dont il est question constituent des crimes contre l’humanité » pour les juger non prescrits.
Après tant de décennies, une vie si paisible passée en France, l’amnésie sociale ne l’a finalement pas emporté et c’est un soulagement.